Témoignage de Claude
Protection miraculeuse du séïme en Haïti
Quand je marche (pendant un très court moment) dans la vallée de l’ombre de la mort...
Ce que notre Seigneur nous a permis de vivre lors du séisme survenu à Port-au-Prince, Haïti le 12 janvier 2010.
Arrivée en Haïti le 30 décembre pour un séjour de 2 semaines comme aides humanitaires et surtout en tant que chrétiens pour soulager la population (nous sommes conscients que notre aide est comme une goutte dans une étendue d’eau) Ginette, en tant qu’infirmière et moi en tant que menuisier, marqué par l’extrême
pauvreté et les besoins spirituels de plusieurs jeunes gens, nous étions sur notre retour, installé dans un hôtel à 15 minutes à pied de l’aéroport. Bien qu’étant dans l’un des pays les plus pauvres de la planète, sinon maintenant le plus pauvres, les frères (soeurs) qui organisent la mission là-bas savent bien rendre cette expérience enrichissante et pas trop exaspérante. C’est ainsi qu’il fut décidé pour ne pas être trop à la course (serré dans le temps) que nous passerions près d’une journée complète dans un hôtel "confortable".
Cet hôtel entouré d’un mur et protégé par une grille est constitué de 3 bâtiments de 2 à 3 étages, d’une piscine au centre et d’un assez vaste stationnement (ce que nous avons beaucoup apprécié par la suite). C’est ainsi, qu’aux alentours de 17:00 heures, quelques minutes seulement après que plus personne ne se trouva dans la piscine (grâce à Dieu), nous fûmes secoués. J’étais avec Ginette (ma femme) sur le balcon extérieur de notre chambre à prendre des photos de la ville quand tout commença. La première seconde, on se demande si ce n’est que les vibrations d’un quelconque gros véhicule, mais ça n’en pris pas plus pour savoir que ce que j’avais appréhendé quand pour la première fois j’avais vu la ville et réalisé combien l’avènement d’un tremblement de terre serait catastrophique pour celle-ci, était maintenant pure réalité.
Une seule chose à faire maintenant, se rendre au plus vite dans le stationnement. Nous traversâmes lachambre et le corridor pour mettre la main sur la mauvaise poignée de porte (C’est très stressant quand on sait qu’une seconde peut faire la différence). Bien qu’ayant saisi l’autre poignée, la force du tremblement me faisait valser dans le même sens que l’ouverture. Tout de même, nous nous retrouvâmes dehors sur un porche qui menait vers un escalier de béton. Il me semblait que les premières marches que nous avions à dévaler étaient en train de se fracasser. (Je vis plus tard que ce n’était que les tuiles de céramiques recouvrant les marches qui avaient volé en éclat suite aux secousses; toutefois si ce n’aurait été de l’armature de métal qui suite au tremblement était rendu visible, l’escalier se serait probablement effondré). Là en bas près de la piscine se trouvaient quelques Haïtiens dont l’un d'eux levait les bras vers le ciel en criant : “Jésus, Jésus, Jésus... !”. Je pense que tous, en ces instants, étions criant vers le Seigneur d’une façon audible ou non. Cependant, un sentiment demeurait; être le plus vite possible dans un endroit sécuritaire loin des bâtiments.
Longeant la piscine qui faisait des vagues de 2 pieds [60 cm] (ceux qui étaient là lors des premières secousses ont vu des vagues de 4-5 pieds [1,50 m]), nous nous rendîmes dans le stationnement où tous parvinrent sains et saufs. Scrutant le bâtiment que nous avions tous eu à longer pour se rendre dans le seul espace ouvert, je me rendis compte qu’un gros pot à fleurs demeurait toujours là sur l’une des balustrades à l’étage de l’hôtel. Avec un autre frère, nous allâmes tout de suite déplacer le pot sur le plancher ainsi que quelques autres qui étaient toujours demeurés en place de peur qu’une future secousse ne fasse basculer l’un de ceux-ci sur quelqu’un d’entre nous. C’est plus tard que je réalisai le miracle qui avait eu lieu. Juste au pied de cet hôtel, adossé à l’un de ses murs se trouvait un énorme vase de fonte d’un diamètre d’environ 3 pieds [90 cm] rempli de terre et renversé par le mouvement du sol. Ginette me dit plus tard que 6 hommes n’avaient pas été capables de le ramener en place. Si ce vase n’avait pu demeurer en place (même le frigidaire de notre cuisine s’était déplacé) comment est-ce possible que des vases de 30 à 50 livres [env 20 kg] fussent demeurés là sur une balustrade de 8 pouces [20 cm] de large ? De plus, le plus gros de ces vases était ronds, d’un diamètre d’environ 18 pouces [45 cm] !!! Réponses : Nous avions tous à passer sous ces vases et il fut décidé que pas un de nous n’aurait une égratignure... Peut-être sera-ce la seule fois dans ma vie où je pourrai dire que l’action d’un ou de plusieurs anges s’est manifestée sans l’ombre d’un doute. J’aurais aimé prendre une photo de ces pots toujours en place (peut-être quelqu’un du groupe en a-t-il pris une ?).
Toutefois, nous savons bien que s’il en fut ainsi pour notre groupe, il n’en fut pas de même pour tous les enfants de Dieu de cette ville! Dans quelle stupeur nous nous trouvions ! Nous savions que c’était un désastre, on voyait au loin la poussière qui montait de la ville dévastée. De temps à autre, on sentait des secousses (une soeur parmi nous en a dénombré au moins une vingtaine en moins de 18 heures). Peu après le séisme, ce fut les cris. Deux femmes âgées passèrent devant la seule grille qui donnait accès à l’hôtel en criant; “Accepte Jésus, accepte Jésus, accepte Jésus”. Peu de temps après ce fut l’un des employés qui arrivait à l’hôtel et qui décrivait à quelques-uns d’entre nous qu’il avait vu une école s’écrouler avec les enfants à l’intérieur. Il marmonna quelques choses puis se mit à chanter un cantique tout en gesticulant. Après quoi, il se mit à faire le tour de tout le monde dans la cour en nous serrant et en disant; "C’est grâce au sang de Jésus, c’est grâce au sang de Jésus... ". Étant un peu conscient de la grâce qui nous avait été faite, un sentiment de tristesse, de torpeur nous atteignait en passant à toute la souffrance autour de nous. Bien qu’empêché par la disposition de l’hôtel et de l’enceinte qui en faisait le tour de voir l’état de la ville et le désespoir des gens (ce qui était favorable pour nous, étant ainsi un peu coupé des foules qui auraient pu assaillir l’hôtel qui n’était pratiquement pas touché) nous ne tardâmes pas à entendre les cris des foules qui au loin manifestaient leurs consternations.
La nuit ne tarda pas à venir, et grâce à Dieu encore une fois, nous pûmes avoir de l’électricité par le moyen d’une génératrice et ainsi avoir de l’éclairage sur le site de l’hôtel. Seuls ceux qui connaissent Port-au-Prince peuvent imaginer ce qui pouvait suivre... L’histoire d’Haïti, c’est une succession de soulèvement, d’agitation, de révolte, etc... C’est le pays de l’instabilité politique. Aussi ne fus-je pas trop surpris quand je vis le propriétaire de l’hôtel sortir sa kalachnikov (fameuse mitraillette russe) et mettre quelques chargeurs de balle dans ses poches. Il nous raconta comment en une autre occasion, 6 de ses clients s’étaient révélés être des soldats américains et qui dans des circonstances tumultueuses s’étaient installés systématiquement sur les toits de l’ensemble hôtelier avec des mitraillettes (M50) pour éviter toute intrusion. Malheureusement, il n’eut pas toujours ce privilège, car en une autre occasion où il était seul avec son jeune fils, il eut à ouvrir le feu sur 17 Haïtiens qui tentèrent de piller son hôtel (et lui ôter la vie ?).
Bien qu’étant à seulement 15-30 minutes à pied de l’aéroport, il ne fut pas question de quitter l’hôtel. En temps normal, un blanc ne circule pas seul dans cette ville réputée pour ses enlèvements. Même, quelqu’un parmi nous connaissait une anecdote où une personne avait été enlevée et dont la famille s’était cotisée; $20,000 chaque pour payer la rançon demandée. Ainsi bien qu’attristé pour la population environnante, je pourrais dire que de se retrouver dans cette ville à attendre je ne sais quel probable secours fût une expérience ténébreuse où il ne reste plus qu’à se tourner constamment vers le Seigneur, se rappeler sa parole, ses promesses. De plus, j’avais Ginette avec moi et Lucie; on ne peut empêcher notre cerveau d’imaginer quelques atroces situations ! Allions-nous voir un bain de sang ? (je pense au propriétaire avec sa mitraillette et ses propos à l’égard des Haïtiens qui parfois utilisent les cocktails Molotov) La génératrice a fait plus que nous éclairer, le bruit qu’elle faisait couvrait les clameurs des foules. On pouvait voir au loin les lueurs de feu que les pompiers n’arrivaient pas à éteindre. À un certain moment donné, nous pûmes cette nuit-là entendre parmi le bruissement qui nous environnait, la foule entamée des cantiques à la gloire de Dieu. “Alléluia, louez l’Éternel”, chantaient-ils. Ce fût tout un réconfort pour moi que d’entendre ces gens ayant tant perdu, rendre gloire à Dieu dans une telle circonstance. Nous avions aussi chanté quelques cantiques peu après le tremblement, mais on ne pouvait comparer notre situation. C’était rassurant de savoir que dans cette ville des multitudes connaissaient Christ comme leur Sauveur (et j’espère comme leur Seigneur). Deux semaines auparavant, dans l’avion qui nous menait à Haïti, un "catholique" du Québec, m’avait confessé sans joie que 40 % de la population d’un quartier de Port-au-Prince, de Port-au-Prince même ou d’Haïti était évangélique. Nous avons même entendu le témoignage d’une personne qui ayant été aidée pour sortir des décombres s’est fait donner de l’eau, puis a été conduite jusqu’à l’ambassade canadienne. De même, le lendemain matin, Normand Lemay qui est le responsable du groupe eut l’opportunité d’avoir un transport jusqu’à l’ambassade par l’amabilité d’un des clients de l’hôtel. Lors de la secousse, quelques personnes avaient pu utiliser le cellulaire et dire que nous étions tous sains et saufs. Mais à l’ambassade, il semble qu’ils attendaient avoir de nos nouvelles. Avant de partir à l’ambassade, Normand nous avait dit que nous ne serions peut-être pas rapatriés avant 3 ou 4 jours. Comme on dirait en bon québécois, "ça a fessé" quand il a dit cela. Et le proprio de l’hôtel qui disait que la population allait réagir après une journée ou deux... Ce qui veut dire émeute, saccage, pillage, etc... Normand gardait sang-froid, c’était quand même risqué de se rendre à l’ambassade. Quel fut notre soulagement quand il revint. Et à la surprise générale, il nous stupéfia en nous apprenant qu’une escorte spéciale de 5-6 voitures et d’un autobus viendrait nous prendre le soir même pour nous reconduire à l’ambassade d’où nous serions le lendemain réacheminés à l’aéroport pour ensuite nous envoler à bord d’un avion cargo des forces armées canadiennes. Quelques heures plus tard, nous sûmes que le pire était passé; les phares d’un autobus apparurent dans la grille de l’hôtel, tout se passait comme prévu. N’en demeurait pas moins un certain stress à passer dans la ville en pleine nuit. On nous avait avertis que des dizaines et des dizaines de cadavres étaient éparpillés le long des rues. Nous avions convenu ensemble de ne pas prendre de photos sur le chemin. Il nous semblait que c’eut été déplacé de photographier les gens dans une telle affliction. Ainsi le long du parcours, je ne vis que quelques cadavres recouverts d’un tissu, mais tout autour n’était que désolation. Nous étions stupéfaits de voir des bâtiments à l’allure moderne complètement détruits tout le long du parcours, et les foules qui semblaient ne pas savoir où aller. On apprit plus tard par des policiers de l’ambassade que des mécréants faisaient circuler de fausses alertes de tsunami pour que les populations des parties basses de la ville montent vers les collines pour ainsi se livrer aisément au pillage. Cela expliquait pourquoi il y avait tant de gens le long des routes ce soir-là.
Après une bonne nuit passée directement sur la surface du terrain de tennis de l’ambassade (je vous assure que même si la surface était dure, ça faisait toute une différence avec la nuit précédente, je pense même avoir dormi 3-4 heures !) on nous a servi des boissons chaudes et une petite portion de gruau. (Ils étaient eux-mêmes rationnés) À dix heures, nous fûmes reconduits à l’aéroport. L’avion qui devait nous ramener eut à survoler l’île pendant 3 heures tellement le trafic aérien était intense. Nous savions maintenant avec toutes les troupes militaires qui se tenaient là qu’il n’y avait plus rien à craindre. Je dis cela, car même des policiers militaires qui étaient à l’ambassade et qui en avaient vu d'autres avaient vraiment hâte de quitter l’endroit. Beaucoup de gens voulaient rentrer dans l’ambassade, mais avant l’arrivée de renfort, je pense qu’il n’y avait pas grand monde (policiers ou militaires) pour garder la place. Ayant passé 2 semaines dans un pays où l’on sent et voit que les gens ont une certaine crainte de Dieu, j’appréhendais des situations où de nouveau j’aurais à être confronté à l’esprit "supposément rationaliste / critiqueur / superficiel / agnostique / orgueilleux et moqueur" qui caractérise si bien tant de québécois. Je n’eus pas à attendre longtemps, car là, sur le site de l’aéroport, tandis que nous attendions la venue du C-117 (avion militaire)sous le chaud soleil d’Haïti j’eus un entretien avec deux hommes, qui la journée précédente avait été épargné d’être enseveli sous les décombres d’un édifice de l’ONU. J’osai affirmer que des choses terribles tel ce tremblement de terre étaient prévisibles, le Seigneur-Jésus les ayant annoncés dans le contexte de son futur retour. Il m’avoua son profond désaccord et j’en profitai pour lui parler des prophéties réalisées dans le retour des juifs en terre promise. Mais mon interlocuteur n’ayant, il me semble pas saisi certaines données historiques, choisit de clore la discussion; son coeur n’était pas disposé à entendre des choses qui ne faisaient pas son affaire… La discussion fut donc courte. Moi, je bouillais à l’intérieur !
Seigneur, donne-nous d’être patient comme tu l’es pour ceux qui nous entourent, qui sont aveuglés, voilés, qui pensent connaître, mais qui n’ayant pas l’amour de la vérité sont sur un chemin qui, s’ils ne s’en détournent à temps, les mènera vers quelque chose de plus effroyable que n’importe lequel des désastres, guerres ou fléaux que l’homme ait vu ou imaginé.
Claude Massana
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